La Banque mondiale est furieuse après la promulgation par le gouvernement ougandais d’une loi contre l’homosexualité. L’institution ne financera plus de nouveaux projets dans ce pays.
En Ouganda, la promulgation en mai de la « loi anti-homosexualité 2023 », considérée comme l’une des plus répressives au monde n’est pas du goût de la Banque mondiale. Dans un communiqué publié par ses services, l’institution soutient ce texte légal « allait fondamentalement à l’encontre des valeurs de la Banque mondiale ». Pour elle, dans ces conditions aucun nouveau financement public pour l’Ouganda ne sera présenté à son conseil d’administration. »Nous pensons que notre objectif d’éradication de la pauvreté dans une planète vivable n’est atteignable que s’il inclut tout le monde, quelle que soit l’ethnie, le genre ou l’orientation sexuelle. Cette loi remet en question ces efforts », justifie la banque.
Depuis le vote de cette loi, de nombreux lobbys américains notamment ont donné de la voix pour en appeler à son abrogation. Face à l’entêtement des autorités ougandaises, des membres influents du Congrès américain avaient demandé fin juillet à la Banque mondiale de suspendre « tout prêt actuel et à venir » à destination du pays, « tant que la loi anti-homosexualité n'(était) pas retirée ». Pour les autorités du pays de Yoweri Museveni, il est question de freiner la perdition au sein de la jeunesse du pays en la protégeant contre les déviances actuellement observées. Dans ce pays de la région des Grands lacs cette loi promulguée le 29 mai dernier est au cœur d’une vague de contestations conduite par de nombreuses organisations de défense des droits humains de pays occidentaux.
Yoweri Museveni imperturbable
Le président ougandais Yoweri Museveni n’est pas resté longtemps silencieux a cette décision de l’institution de Bretton Wood. Mercredi, il a vertement accusé la Banque mondiale de « faire pression » sur son pays pour tenter de lui faire renoncer à sa loi anti-homosexualité. Les Ougandais « se développeront avec ou sans prêts », a lancé le président sur Twitter. « Il est donc regrettable que la Banque mondiale et d’autres tentent de faire pression pour que nous abandonnions notre foi, notre culture, nos principes et notre souveraineté, en utilisant l’argent », a-t-il déploré.
« Nous n’avons pas besoin de pression de qui que ce soit pour savoir comment résoudre les problèmes de notre société », s’est défendu Museveni qui entend toutefois poursuivre les discussions avec la banque. « Les consultations sont toujours en cours entre le gouvernement ougandais et la Banque mondiale sur les questions entourant la loi anti-homosexualité », a déclaré mercredi à l’AFP le ministre ougandais de l’Information, Chris Baryomunsi.
Cette loi prévoit, faut-il le rappeler, de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la « promotion » de l’homosexualité. Un crime d' »homosexualité aggravée » est passible de la peine de mort, sentence qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.
Jonadeleine TADAGBE