Six mois se sont écoulés depuis le coup d’Etat, qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba. Cela fait également six mois que le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, jouit au Gabon d’une immense popularité.
De premières critiques émergent cependant sur sa gouvernance jugée autoritaire par ses détracteurs et qui tarde à réaliser ses promesses de « mieux vivre ». Le général Oligui, 48 ans, avait été porté en triomphe comme président de transition, promettant de rendre le pouvoir aux civils par des élections, dans un délai fixé plus tard à deux ans.
Le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique par habitant mais un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de deux euros par jour, selon la Banque Mondiale. Depuis plus de 55 ans, la famille Bongo dirigeait ce petit État d’Afrique centrale. Elle était accusée par ses opposants de « corruption massive » et de « mauvaise gouvernance ». Selon plusieurs analystes, le pays, qui compte 2,3 millions d’habitants, dont la moitié a moins de 20 ans, était en lambeau sur le plan des infrastructures, de l’éducation, de la santé, et le général est, selon lui, perçu comme un « sauveur ».
Sa sa prise de pouvoir, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), composé de généraux, avait promis de « redresser économiquement le pays » et « lutter contre la vie chère ». Notamment par le paiement des innombrables arriérés de retraites, la construction de routes et d’hôpitaux, le retour des bourses scolaires et bien d’autres promesses pour un « mieux vivre ».
Mais les caisses de l’Etat peinent à se remplir. Mi-février, malgré une situation budgétaire difficile, le Fonds monétaire international, FMI, a reconnu toutefois au CTRI des « efforts visant à renforcer la transparence et la gestion des finances publiques ». L’institution avait alerté cependant sur « la baisse de la production pétrolière, la stagnation du revenu par habitant » et « un taux de chômage élevé ».
Ses détracteurs reprochent au général Oligui d’avoir massivement laissé en poste des caciques de l’ancien régime, notamment du Parti Démocratique Gabonais, PDG, d’Omar et Ali Bongo.
Le nouveau pouvoir est aussi accusé par l’opposition d’autoritarisme, et le général Oligui d’un culte naissant de la personnalité entretenu par les tunnels de louanges sur les télévisions d’État. Le pouvoir maintient par exemple depuis six mois, sans livrer la moindre explication, un strict couvre-feu de 0h00 à 5h00 du matin, imposé au départ par le régime Bongo le soir de la présidentielle du 26 août 2023.
En décembre, les employés de la SEEG, qui fournit l’eau et l’électricité au Gabon, avaient appelé à la grève contestant la suppression de leur 13ème mois. Après avoir publiquement menacé les syndicalistes, flattant une population excédée par les coupures de courant, le Géneral Oligui a fait arrêter sept d’entre eux, dont deux femmes, interrogés trois jours dans les bureaux du renseignement. Ils en sont sortis le crâne rasé et exposés publiquement dans les journaux.
Un dialogue national « inclusif » doit s’ouvrir en avril. Il s’agira de la première étape vers une nouvelle Constitution et des élections pour lesquelles la candidature du général Oligui est quasiment certaine.