L’opposition en Côte d’Ivoire a annoncé vendredi reporter sa manifestation visant à dénoncer les violences liées à la présidentielle d’octobre, prévue samedi à Abidjan, une marche qui avait été interdite par les autorités.
L’élection présidentielle du 25 octobre s’est déroulée dans le calme sur la majorité du territoire ivoirien, mais des violences ont éclaté dans certaines localités et le climat politique était tendu. Une dizaine de personnes sont mortes avant et pendant le scrutin, selon des sources officielles – une trentaine, selon l’opposition – et plus d’une centaine ont été condamnées à de la prison ferme pour avoir participé à des manifestations interdites par le pouvoir.
L’opposition contestait l’exclusion de certains de ses leaders de la présidentielle par la justice, notamment l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo (2000-2011), ainsi que la candidature à un quatrième mandat d’Alassane Ouattara, finalement réélu avec près de 90% des voix.
Elle avait appelé à une marche, samedi, mais a finalement annoncé son report « à une date ultérieure ». Le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), formation de Laurent Gbagbo, justifie ce report en évoquant la tenue d’obsèques samedi à Yamoussoukro, la capitale, de manifestants décédés lors de la période électorale. La manifestation était de toute façon interdite par les autorités, ce que le préfet d’Abidjan avait rappelé vendredi.
Le 17 octobre, les ministères de l’Intérieur et de la Défense avaient publié un arrêté interdisant pour deux mois toute manifestation ou meeting « des partis ou groupements politiques », à l’exception de ceux qui étaient qualifiés pour le scrutin présidentiel.
L’opposition ivoirienne dénonce régulièrement un manque de liberté d’expression. Le pouvoir répond qu’il interdit les manifestations qui risquent de troubler l’ordre public. Jeudi, un haut cadre du parti de Laurent Gbagbo, Damana Pickass, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt pour une dizaine de chefs d’accusation, dont « des faits d’actes terroristes » en lien avec l’élection présidentielle, selon la justice ivoirienne. Cela fait suite à une série d’arrestations de plusieurs membres de partis politiques d’opposition ces derniers mois. Dénoncées par ces partis, elles n’ont, selon les autorités, aucun lien avec l’appartenance politique. Le pouvoir assure également que les personnes arrêtées font toutes l’objet de procédures d’enquête régulières.


