Après une dépêche prêtant au président des Comores une volonté de voir son fils lui succéder, le correspondant local de l’agence de presse Reuters Abdou Moustoifa est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, a annoncé vendredi le parquet local à l’issue de la garde à vue du journaliste.
Le procureur de la République de Moroni, Abdou Ismaïl, a déclaré à la presse que parquet s’était auto-saisi car l’article du journaliste de 31 ans, qui a passé une nuit en détention, aurait porté, selon lui, « atteinte au moral des Comoriens ». Il doit être entendu jeudi lors d’une audience au tribunal correctionnel pour « publication, diffusion et divulgation de nouvelles fausses », a précisé le magistrat. Le délit est passible d’un à trois ans d’emprisonnement, d’après l’article 231 du code pénal comorien. Abdou Moustoifa s’est dit « soulagé » après avoir été relâché: passer « 24 heures de garde à vue, c’est éprouvant », a-t-il confié.
« Les journalistes doivent être libres de rendre compte de l’actualité sans craindre d’être harcelés ou lésés, où qu’ils se trouvent, y compris aux Comores », a réagi un porte-parole de Reuters. « Nous nous engageons à couvrir les événements dans le monde de manière indépendante, impartiale et fiable, conformément aux principes du Thomson Reuters Trust », a-t-il ajouté.
Une dépêche de l’agence de presse, datée du vendredi 24 janvier et modifiée depuis, rapportait que le président Azali Assoumani, au pouvoir depuis 2016, avait déclaré: « je placerai mon fils pour me remplacer à la tête de l’Etat. » Le chef de l’Etat, dont le fils de 39 ans, Nour El-Fath Azali, vient d’être élu député ce mois-ci lors d’élections législatives largement boycottées par l’opposition, s’était exprimé en comorien et avait utilisé les mots « mwana », signifiant « enfant ».
L’article a ensuite été rectifié par Reuters, qui précise qu’il a été « corrigé pour montrer que les remarques du président ont fait l’objet d’interprétations divergentes et que le gouvernement nie qu’il parlait de son fils ».
Nour el-Fath Azali est depuis juillet 2024 secrétaire général du gouvernement.