Le directeur de publication du quotidien privé burkinabè Aujourd’hui au Faso a été interpellé mardi à Ouagadougou, au lendemain de l’enlèvement de deux journalistes et de trois magistrats, a annoncé son média.
Au Burkina Faso, le régime militaire issu d’un coup d’État perpétré en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré est régulièrement accusé de réprimer des personnalités considérées comme hostiles au pouvoir. Certaines sont mobilisées de force pour combattre les jihadistes, qui minent le pays depuis une dizaine d’années.
Ces derniers mois, le pouvoir a libéré une dizaine de personnes enlevées ou arrêtées puis mobilisées de force, notamment des journalistes, des dirigeants de la société civile ou des proches d’hommes politiques, avant que les arrestations ne reprennent. « Le directeur de publication du quotidien Aujourd’hui au Faso, Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana, a été interpellé à son domicile dans la matinée de ce mardi 14 octobre par quatre individus en civil se présentant comme des agents de l’ANR (agence nationale du renseignement) », a annoncé le quotidien privé sur sa page Facebook.
Fondateur et directeur de publication du quotidien Aujourd’hui au Faso, Dieudonné Zoungrana a participé fin septembre à un grand entretien avec le capitaine Ibrahim Traoré, réalisé pour commémorer les trois ans au pouvoir de la junte. Lundi, le directeur des rédactions de L’Observateur Paalga, Ousseni Ilboudo et le rédacteur en chef adjoint du quotidien Le Pays, Michel Nana, ont été interpellés et emmenés vers des destinations inconnues, selon des sources proches.
Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé « une reprise inquiétante des arrestations de journalistes », dans un communiqué. RSF « déplore ces enlèvements, sans fondements connus, qui visent des visages emblématiques du journalisme burkinabè. L’organisation appelle les autorités à sortir de leur mutisme coupable et à libérer tous les journalistes détenus », a réagi Sadibou Marong, directeur de l’ONG pour l’Afrique subsaharienne.
Le Burkina Faso occupe la 105ème place sur 180 pays et territoires, au classement 2025 de la liberté de la presse fait par RSF. Depuis vendredi, trois magistrats de la cour d’appel de Ouagadougou ont été « enlevés » ou sont « portés disparus », selon une source judiciaire. Par ailleurs, des dizaines d’officiers, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, ont été arrêtés depuis plus d’un an, accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines