Le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a démis de ses fonctions le Premier ministre et dissout le gouvernement vendredi, selon un décret présidentiel transmis à l’AFP.
« Il est mis fin aux fonctions du premier ministre », annonce le décret signé par le « président du Faso », ajoutant que « les membres du gouvernement dissout expédient les affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement ». Aucune précision n’a été fournie sur les raisons de cette décision.
Nommé au poste de Premier ministre en octobre 2022 à la suite du coup d’Etat porté par Ibrahim Traoré en septembre de la même année, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a dirigé trois gouvernements successifs.
Le Burkina Faso est plongé dans une instabilité politique depuis début 2022, où le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba s’était emparé du pouvoir par un coup d’Etat contre le président Roch Marc Christian Kaboré. Paul-Henri Damiba a été évincé lors d’un second putsch huit mois plus tard, orchestré par le capitaine Ibrahim Traoré. Il est aujourd’hui en exil au Togo.
Avec le Mali et le Niger, également dirigés par des juntes militaires, le Burkina a tourné le dos à la France, l’ancienne puissance coloniale, en créant en septembre 2023 l’Alliance des Etats du Sahel (AES), dans le cadre d’un rapprochement avec d’autres puissances comme la Russie.
Lors d’un sommet Russie-Afrique en novembre à Sotchi en Russie, le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Karamoko Jean-Marie Traore, avait jugé la « coopération » avec la Russie davantage adaptée pour le peuple de son pays.
Comme ses alliés au sein de l’AES, le Burkina est confronté à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes et près de deux millions de Burkinabè sont déplacés à cause du conflit. Ces violences ont fait plus de 26.000 morts au Burkina depuis 2015, civils et militaires, dont plus de 13.500 depuis le coup d’Etat de septembre 2022, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits dans le monde.