Les chercheurs du projet de lutte contre le paludisme Target Malaria, soutenu par la fondation américaine Bill et Melinda Gates, ont déclaré jeudi dans un communiqué « regretter » l’interruption de leurs activités au Burkina Faso, décidé par le gouvernement burkinabè il y a une semaine.
Le Burkina, qui a mis fin le 22 août à « toutes les activités » du projet, est dirigé par une junte souverainiste avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un putsch en septembre 2022.
En juin et juillet, la junte a révoqué l’autorisation d’exercer de 21 ONG internationales ou bénéficiant de subventions étrangères, invoquant des raisons administratives.
« Nous regrettons l’interruption de plusieurs années de travail mené par et avec l’équipe burkinabè composée de chercheurs, de techniciens et d’experts », a écrit le consortium de chercheurs, qui dit toutefois « respecter la décision » prise par le gouvernement. « Notre priorité est désormais d’écouter et de maintenir le dialogue avec le Burkina Faso », a affirmé le professeur Austin Burt, chercheur principal du projet à l’Imperial College de Londres, cité dans le communiqué.
L’équipe de Target Malaria a dit le 22 août être « disposée à coopérer » avec le Burkina, l’un des pays les plus touchés au monde par le paludisme.
Le projet Target Malaria, porté par plus de 150 chercheurs africains et occidentaux et financé par la fondation Bill et Melinda Gates, vise à lâcher des moustiques génétiquement modifiés afin d’éradiquer les maladies transmises par l’insecte, comme le paludisme.
Un premier lâcher a eu lieu en 2019 au Burkina, décrié par des organisations de la société civile qui craignaient une « catastrophe ». Le dernier lâcher, le 11 août, a concerné 75.000 moustiques, libérés à Souroukoudinga (ouest), après autorisation de l’Agence nationale de biosécurité (ANB).
Le 21 août, la coalition de veille sur les activités biotechnologiques a dénoncé l’opération, appelant à la suspension de l’autorisation du projet, doutant notamment de sa transparence, du consentement des populations et craignant des « risques imprévisibles ».
Le projet a par ailleurs été visé par plusieurs campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux burkinabè, en particulier par des personnes proches de la junte. Le Burkina Faso fait partie des dix pays les plus touchés par le paludisme au niveau mondial, avec plus de huit millions de cas et au moins 16.146 décès enregistrés en 2023, selon l’OMS