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Togo : l’ambassadeur de l’UE convoqué pour « ingérence »

L’ambassadeur de l’Union européenne (UE) au Togo, Gwilym Ceri Jones, a été convoqué vendredi par le ministère togolais des Affaires étrangères pour « ingérence », après l’adoption d’une résolution par le Parlement européen appelant à la libération d’un citoyen irlando-togolais détenu.

Abdoul Aziz Goma fait partie des 14 personnes condamnées en février à 10 ans de prison par la Cour d’assises de Lomé pour « complot contre la sécurité intérieure de l’État » et « délit de groupement de malfaiteurs », accusées d’avoir participé à une manifestation de l’opposition en décembre 2018 interdite par les autorités.

En 2017 et 2018, des manifestations organisées par l’opposition et la société civile ont eu lieu au Togo pour limiter à deux le nombre de mandats présidentiels. Elles ont été sévèrement réprimées et plusieurs manifestants ont été tués par les forces de l’ordre.

Cette année, de nouvelles manifestations, elles aussi meutrières, ont eu lieu pour dénoncer une réforme constitutionnelle qui permet à Faure Gnassingbé, dirigeant du pays depuis 20 ans, de consolider son pouvoir. « Le ministère togolais des Affaires étrangères a convoqué ce jour l’ambassadeur résident de la délégation de l’Union européenne à Lomé », Gwilym Ceri Jones, a-t-il écrit. « En cause: une résolution récemment adoptée par le Parlement européen, que le Togo considère comme une ingérence manifeste dans un dossier purement judiciaire et souverain », a-t-il ajouté.

Selon la même source, « dans un souci de réciprocité diplomatique, le chef de la diplomatie togolaise (Robert Dussey, ndlr) entend obtenir des explications claires sur le sens de cette démarche européenne et rappeler fermement que la justice togolaise s’exerce en toute indépendance, conformément aux lois nationales et aux standards internationaux ».

Jeudi, le Parlement européen a adopté une résolution appelant à la libération de Goma. « Abdoul Aziz Goma, citoyen de nationalité irlandaise et togolaise, doit être libéré immédiatement et sans conditions, affirment les députés. Ils condamnent sa détention prolongée au secret et les actes de torture dont il est victime, et demandent aux autorités togolaises de faciliter son évacuation sanitaire d’urgence et d’annuler sa condamnation », a indiqué le parlement dans un communiqué de presse.

Installé en Irlande depuis les années 1990,  Abdoul Aziz Goma effectuait des séjours réguliers au Togo pour affaires. Sa détention a été dénoncée à plusieurs reprises par la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor.

Elle avait écrit au gouvernement togolais en janvier 2024 que Goma avait « pris en charge les frais de logement de certains jeunes venus dans la capitale Lomé pour participer à une manifestation (…) à laquelle il n’a, lui-même, pas participé ».

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