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Tidjane Thiam, la nationalité perdue et la présidentielle envolée : le coup dur du PDCI

Alors qu’il incarnait le renouveau tant espéré du PDCI-RDA, Tidjane Thiam est rattrapé par une disposition du Code de la nationalité ivoirienne. Sa disqualification juridique de la présidentielle ouvre une période d’incertitude pour son parti, et redessine les équilibres de la future élection.

« Dura lex, sed lex » : la loi est dure, mais c’est la loi. C’est par cette maxime latine que la présidente du tribunal d’Abidjan a justifié sa décision : Tidjane Thiam n’était plus Ivoirien au moment de son inscription sur la liste électorale, car il avait acquis la nationalité française sans demander l’autorisation requise par l’État ivoirien. En vertu de l’article 48 du Code de la nationalité, cette omission entraîne la perte automatique de la nationalité d’origine, sauf dérogation expresse.

Candidat favori du PDCI-RDA, Tidjane Thiam voit ainsi son ambition présidentielle stoppée net, faute de conformité légale. Un coup de théâtre, certes, mais juridiquement implacable.

Un espoir brisé pour le PDCI-RDA

L’ancien patron du Crédit Suisse, revenu en politique avec le prestige de la diaspora réussie, représentait une alternative crédible au RHDP au pouvoir. Technocrate respecté, personnalité internationale, Thiam devait offrir au PDCI une stature présidentielle nouvelle, capable de réconcilier les Ivoiriens et de réinventer un projet post-Bédié.

Sa mise à l’écart prive le parti de cette carte maîtresse à moins d’un an de l’échéance.

Un scénario à la Sonko ?

Face à cet obstacle, une option se dessine : le transfert d’influence. Tidjane Thiam pourrait soutenir Jean-Louis Billon, autre figure du PDCI, et tenter de rallier autour de lui les forces du changement. Comme Ousmane Sonko au Sénégal, écarté par la justice mais influent dans l’ombre, Thiam pourrait transformer sa mise à l’écart en acte stratégique, en devenant le pivot d’une nouvelle coalition électorale.

Mais cette manœuvre suppose une unité de commandement et une maturité partisane que le PDCI peine parfois à afficher.

Le RHDP soulagé, mais sous surveillance

Dans le camp présidentiel, cette disqualification est accueillie avec satisfaction. Thiam représentait une menace sérieuse. Jean-Louis Billon, malgré son entregent, ne suscite pas le même niveau d’adhésion nationale. Le RHDP peut donc espérer une réélection plus maîtrisée, tout en se défendant d’avoir influé sur la décision judiciaire.

Pourtant, cette séquence alimente le soupçon de verrouillage légal du jeu politique. Légalement fondée, la décision paraît néanmoins politiquement orientée, dans un contexte où les règles du jeu sont souvent perçues comme à géométrie variable.

Une démocratie en tension

Au-delà du cas Thiam, c’est la question de l’inclusion démocratique qui est posée. Peut-on construire la confiance citoyenne en disqualifiant des candidats sur la base de procédures administratives, sans débat de fond ? Le droit ne peut se substituer à la politique. Or, c’est pourtant ce que semble confirmer cette décision.

La présidentielle ivoirienne, déjà minée par la méfiance et les fractures post-crise, entame sa course avec un goût amer d’injustice perçue, malgré le droit appliqué.

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