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Tchad : garde à vue prolongée pour un journaliste correspondant de RFI

Le directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Pays », Mbaindinguim Monodji Olivier, également correspondant au Tchad de Radio France Internationale, RFI, a été placé en garde à vue mercredi et sa détention « arbitraire », selon ses avocats, a été prolongée jusqu’à lundi.

Cette détention est intervenue dans une opacité surprenante et totale et en l’absence de tout document juridique, a dénoncé l’Union des journalistes de la Presse Libre Africaine, UJPLA, dans un communiqué vendredi.

Mercredi midi, alors qu’il se trouvait dans les locaux de son journal, le journaliste « a dû suivre des policiers venus lui délivrer un mandat d’amener signé par le procureur de la République », a indiqué la radio RFI sur son site internet. « Son ordinateur a été saisi, mais aucun motif ne lui a été présenté pour justifier cette situation », selon la même source. Le professionnel âgé d’une trentaine d’année, se trouve depuis dans les locaux de la police judiciaire où une audition a été organisée vendredi, mais suspendue par ses avocats du fait de la présence d’un homme non identifié aux cotés des policiers, selon ses avocats.

Exprimant son « indignation », le Patronat de la Presse Tchadienne (PPT) a exigé sa « libération immédiate et inconditionnelle » en appelant le procureur à « faire la lumière sur les circonstances de cette arrestation ». L’UJPLA a aussi appelé les autorités à respecter la liberté de la presse et à garantir la sécurité des journalistes. Ces derniers mois, des journalistes, des politiques et des acteurs de la société civile ont subi des arrestations, parfois menées comme des enlèvements par les services de renseignement tchadiens, chargés de réprimer toute voix discordante au régime de Mahamat Idriss Déby Itno.

Le 8 août, Badour Badour Oumar Ali, rédacteur en chef de la Rédaction Web du journal Tchadinfos avait ainsi été interpellé et gardé à la Direction des services de renseignement, puis libéré après une vaste mobilisation de la profession. Depuis, au moins deux autres journalistes ont subi des détentions arbitraires, selon l’Association des Médias en Ligne du Tchad, AMET. Mi-septembre, l’Organisation mondiale contre la torture avait dénoncé une multiplication des arrestations et des détentions hors procédures par les services de renseignement tchadiens.

Trois ans après avoir été porté au pouvoir par une junte après le décès de son père, Mahamat Idriss Déby Itno, 40 ans, a verrouillé la gouvernance de son pays en obtenant la présidence à l’issue d’un scrutin jugé « ni crédible, ni libre » par ses opposants, avant que son parti n’obtienne une majorité écrasante aux législatives, sénatoriales et locales, boycottées par l’opposition.

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