Le feuilleton judiciaire qui oppose depuis des années le leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu à l’Etat nigerian semble se diriger vers une probable condamnation, l’accusé ayant une nouvelle fois refusé mardi de présenter une défense.
Nnamdi Kanu et son groupe, l’organisation du Peuple Indigène du Biafra (IPOB) interdite par les autorités, militent pour l’indépendance du sud-est du Nigeria, un sujet sensible dans un pays marqué par une guerre civile sanglante de 1967 à 1970 liée à une tentative de sécession de cette région.
Le chef de l’IPOB est poursuivi pour des chefs d’accusation allant du « terrorisme » à la diffusion de messages « intentionnellement trompeurs ». Nnamdi Kanu a récemment décidé de renvoyer ses avocats et de se défendre seul, perturbant le déroulement du procès. Mardi, les procureurs ont demandé au juge James Omotosho de fixer une nouvelle date de jugement si la défense ne se présente pas.
Le débat porte sur la loi antiterroriste de 2011, en vertu de laquelle Kanu a été initialement inculpé. Ce texte a depuis été abrogé et remplacé par une nouvelle loi antiterroriste en 2022. Vêtu d’un survêtement blanc, Kanu a interrompu à plusieurs reprises le juge mardi, affirmant que son inculpation datant d’un régime légal désormais caduque, cela signifiait qu' »il n’y a plus d’accusation ».
Le juge Omotosho, qui le lui avait déjà demandé la semaine dernière, l’a encore supplié de trouver « un avocat pénal spécialisé ». « Mon frère, je t’en supplie au nom de Dieu tout-puissant », a-t-il dit.
Nnamdi Kanu, citoyen nigérian et britannique, s’est fait connaître du gouvernement nigérian en 2015 en lançant un appel en faveur de l’indépendance via la station Radio Biafra basée à Londres, affirmant alors : « Nous avons besoin de fusils et de balles ».
L’IPOB rejette l’idée qu’il s’agisse d’un appel à l’insurrection. Après des manifestations de soutien au Biafra cette même année, les premières depuis la guerre civile, M. Kanu a été arrêté lors d’un voyage au Nigéria.
Il s’est soustrait à sa libération sous caution en 2017 et a fui le pays après une intervention militaire à son domicile, avant d’être extradé depuis le Kenya en 2021, dans des circonstances que ses avocats ont qualifiées d’enlèvement illégal.
L’IPOB est par ailleurs accusé d’avoir forcé les habitants à suivre des consignes de « sit-at-home » (rester chez soi) qui paralysent les marchés, les écoles et les transports dans le sud-est, pour protester après l’arrestation de Kanu en 2021.
L’IPOB nie avoir eu recours à la violence, rejetant la responsabilité sur des criminels.

