Site icon AFRIQUES

Nigeria : Amnesty dénonce l’absence de poursuites un an après les tueries de manifestants

Amnesty International a critiqué vendredi le gouvernement nigérian pour n’avoir engagé aucune poursuite un an après que les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants lors de mobilisations contre la hausse du coût de la vie.

Ces manifestations avaient eu lieu à travers le pays d’Afrique de l’Ouest entre le 1er et le 10 août 2024, en réaction aux réformes économiques du président Bola Tinubu. Au moins 24 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité au cours de ces manifestations, selon la branche nigériane d’Amnesty.

« Un an après, malgré la gravité de ces violations des droits humains, aucun membre des forces de sécurité n’a été poursuivi, la justice demeure donc hors de portée pour les 24 manifestants pacifiques tués », a déclaré Isa Sanusi, directeur d’Amnesty au Nigeria, à l’occasion du premier anniversaire de ces manifestations. Dans un communiqué, l’organisation a également dénoncé ce qu’elle qualifie de « procès factices » visant les personnes arrêtées lors des manifestations.

Bien que des manifestants se soient mobilisés dans plusieurs villes du pays, les manifestations de l’année dernière n’ont pas donné naissance à un mouvement de masse, en partie à cause des avertissements et des restrictions imposées par les autorités, ainsi que des arrestations et des meurtres de manifestants.

Les réformes de Bola Tinubu ont été saluées par des économistes qui les ont estimées nécessaires, mais ont entraîné une explosion du coût de la vie dans un pays déjà largement appauvri. Pour beaucoup de Nigérians, le carburant subventionné constituait l’un des rares bénéfices d’un gouvernement longtemps gangrené par la corruption. Bien que personne n’ait été traduit en justice pour les morts, le gouvernement a parfois été contraint de faire marche arrière dans les poursuites contre certains manifestants.

En novembre, des dizaines de jeunes sont apparus au tribunal amaigris et affamés, suscitant une vague d’indignation sur leurs conditions de détention, poussant M. Tinubu à ordonner leur libération.Des procès visant 700 personnes arrêtées sont néanmoins toujours en cours.

D’après Amnesty, les chefs d’accusation retenus contre les manifestants incluent : « mener une guerre contre l’État afin d’intimider le président », « utilisation de groupes WhatsApp », « incitation à la mutinerie », scander « Tinubu doit partir », appeler l’armée à prendre le pouvoir ou encore « avoir l’intention de déstabiliser le Nigeria ».

Amnesty appelle à des poursuites impartiales contre les responsables des tueries, à la libération des manifestants détenus arbitrairement, et à la protection du droit de manifester pacifiquement.

Quitter la version mobile