Le régulateur des médias en Guinée a annoncé la suspension de la chaîne d’actualités internationale Africa 24 pour « exercice illégal de la profession », à quelques jours de l’élection présidentielle de dimanche prochain.
Les Guinéens sont appelés à voter lors d’une présidentielle censée parachever le retour à l’ordre constitutionnel après un coup d’Etat en 2021 qui a porté au pouvoir la junte du général Mamadi Doumbouya, désormais candidat à cette élection sans opposant d’envergure.
Africa 24 est une chaîne d’information en continue consacrée à l’actualité en Afrique fondée par le Camerounais Constant Nemale.
Il s’agit de la première suspension d’une chaîne internationale annoncée par la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui a suspendu temporairement ou définitivement plusieurs médias ces dernières années.
Dans une décision publiée dimanche soir, la HAC a annoncé suspendre la diffusion de la chaîne Africa 24 sur le territoire national, l’accusant d' »exercice illégal de la profession », après avoir réalisé des reportages sur la campagne électorale sans autorisation préalable.
Le régulateur souligne qu’une demande d’accréditation de la chaîne était « en cours d’examen » mais avait été « retardée par défaut de pièces exigées par la loi ».
Outre l’interdiction de diffusion, la HAC ordonne l’occultation d’Africa 24 du bouquet Canal+ en Guinée.
Reporters Sans Frontières a dénoncé lundi matin « une décision disproportionnée et hâtive, qui prive les populations d’un accès à une information diversifiée », dans un communiqué.
La junte au pouvoir est accusée de restreindre la liberté des médias, en les bloquant ou les suspendant. Elle a, selon les professionnels, fait arrêter puis libérer plusieurs journalistes. L’un d’eux, Habib Marouane Camara, qui dirige le site Lerevelateur224, est porté disparu depuis décembre. Depuis l’avènement de la junte, plusieurs partis politiques ont été suspendus, les manifestations – interdites depuis 2022- sont réprimées, et de nombreux dirigeants de l’opposition et de la société civile ont été arrêtés, condamnés ou poussés à l’exil. Les nouvelles de disparitions forcées et d’enlèvements se sont multipliées ces dernières années.
Malgré sa promesse répétée de rendre le pouvoir à des civils à la fin d’une période de transition, le général Mamadi Doumbouya se présente à la présidentielle et semble assuré de remporter en l’absence d’opposant d’envergure.

