Vingt-six personnes ont été condamnées jeudi à 36 mois de prison ferme en Côte d’Ivoire, notamment pour « troubles à l’ordre public », accusées d’avoir participé à des manifestations interdites.
Le climat politique est tendu dans le pays, à huit jours de l’élection présidentielle: les candidatures de l’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, leaders des deux principaux partis d’opposition, ont été rejetées par le Conseil constitutionnel et toute manifestation contestant les décisions de cet organe est interdite. Des manifestants ont toutefois bravé cette interdiction, à Abidjan et dans quelques localités à l’intérieur du pays, notamment pour contester la candidature du président Alassane Ouattara à un quatrième mandat.
Selon le procureur, Oumar Braman Koné, environ 700 personnes ont été arrêtées. Jeudi, 32 personnes ont été jugées à Abidjan et à Dabou, à 50km à l’ouest de la capitale économique, selon une de leurs avocates, Me Roselyne Serikpa et un avocat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, première force d’opposition), Me Jean-Chrysostome Blessy. Elles sont accusées d’avoir participé à des marches interdites samedi.
Parmi elles, 26 personnes ont été condamnées à 3 ans de prison ferme, deux autres à la même peine mais avec sursis et quatre ont été relaxées, ont-ils dit, notamment pour « troubles à l’ordre public » a précisé Me Serikpa. « Pour la plupart, elles se sont retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment. Elles étaient en train de se rendre sur leur lieu de travail, l’une faisait son jogging, l’une allait à une messe », a assuré Me Serikpa. La semaine prochaine, 105 autres personnes doivent être jugées à Abidjan, a-t-elle dit.
Le procureur Koné a affirmé jeudi que l’exploitation de téléphones portables de certains interpellés avait révélé « des déclarations graves » appelant à saccager commerces, commissariats ou encore préfectures, assimilables selon lui à des « actes de terrorisme ». Lors des manifestations, la police a indiqué qu’un homme avait été tué par balle par des « individus non identifiés », à Bonoua (sud) tandis que l’opposition avance un bilan de deux à trois morts dans le pays.
Amnesty International a appelé les autorités à arrêter de « réprimer » les manifestations. Quatre candidats d’opposition sont qualifiés pour affronter Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011: l’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, dissident du PDCI; deux anciens compagnons de route de Laurent Gbagbo en rupture avec lui, son ex-épouse Simone Ehivet Gbagbo et l’ex-ministre Ahoua Don Mello; et enfin Henriette Lagou, déjà candidate en 2015.