Le Cameroun reste toujours dans l’incertitude quant à l’identité de son futur président de la République.
Alors que le Cameroun est suspendu à la publication officielle des résultats du scrutin présidentiel du 12 octobre dernier, Issa Tchiroma Bakary, candidat du FSNC, multiplie les déclarations publiques. Il affirme avoir été élu par les près de huit millions de Camerounais appelés aux urnes ce jour-là. Dans une prise de parole virulente, il s’est directement adressé au président sortant : monsieur le Président sortant Paul Biya, vous avez dirigé ce pays pendant 43 ans. L’histoire vous observe. Vous avez encore une chance, une seule. Celle de sortir par la grande porte un homme d’État qui respecte la volonté de son peuple. Ne terminez pas votre règne par une fraude aussi flagrante.
La semaine dernière, des face-à-face violents ont eu lieu entre les partisans du candidat du FSNC-du Front pour le salut national du Cameroun et la police dans plusieurs villes. Le parti au pouvoir a déploré l’incendie d’un de ses bureaux de vote et appelé à la retenue avant la publication officielle des résultats du scrutin. De son côté, Issa Tchiroma a commencé à diffuser progressivement les résultats dont il dispose, tout en appelant la communauté internationale à réagir : à nos pays frontaliers, notamment le Nigeria et le Tchad, à l’Union africaine, à l’Union européenne, aux Nations unies, à la France, aux États-Unis, à tous les pays partenaires internationaux. Ne restez pas silencieux. Votre silence cautionne la dictature. Votre voix peut protéger la paix.
L’ancien ministre de la Communication désormais en rupture de ban avec le régime de Paul Biya, Tchiroma s’est également tourné vers le Conseil constitutionnel. Celui-ci avait validé la candidature du président sortant, Paul Biya âgé de 92 ans, malgré des recours contestant sa capacité à gouverner : vous avez entre vos mains l’avenir d’une nation. Vous avez juré de protéger la Constitution et de défendre le droit. Aujourd’hui, vous êtes face à l’histoire. Vous pouvez soit valider la vérité des urnes et donner au Cameroun le changement pacifique qu’ils réclament, soit cautionner la fraude et précipiter notre pays vers des lendemains incertains.
La proclamation officielle des résultats est attendue pour ce jeudi. Entre-temps, sur les réseaux sociaux, certains partisans du pouvoir critiquent les sorties d’Issa Tchiroma et sa publication précoce des résultats qui pourrait semer les germes d’une crise post-électorale au Cameroun.