Les Nations unies ont lancé un appel de fonds d’urgence pour permettre l’accueil digne de plus de 80.000 personnes ayant fui au Burundi la dernière percée du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Après s’être emparé des grandes villes congolaises de Goma en janvier puis de Bukavu en février, le M23 a lancé début décembre une nouvelle offensive dans la province du Sud-Kivu, le long de la frontière burundaise, alors que Rwanda et RDC signaient à Washington un accord de paix sous l’égide du président américain Donald Trump.
Le groupe armé a pris le 10 décembre le contrôle d’Uvira, ville de centaines de milliers d’habitants permettant de contrôler la frontière terrestre avec le Burundi, allié militaire de Kinshasa. Sous pression américaine, le groupe armé a affirmé se retirer d’Uvira. Mais certains de ses policiers et agents de renseignement y étaient encore déployés jeudi, selon des sources locales et sécuritaires. « À la suite des récents affrontements violents dans le Sud-Kivu, notamment autour de Uvira, (…) un afflux important de réfugiés a eu lieu depuis le 5 décembre, avec l’arrivée estimée à près de 80.000 personnes par différents points d’entrée, dont 71.989 congolais et 8.000 burundais », estime le Haut-commissariat onusien pour les réfugiés.
L’organisation, qui prévoit 90.000 nouveaux arrivants au total, a lancé jeudi un appel de fonds de 33,2 millions de dollars (28,3 millions d’euros) pour leur accueil dans des conditions dignes, selon un document illustré d’une photo sur laquelle des dizaines de personnes campent sous des arbres, sans aucune infrastructure pour les accueillir.
Mardi, deux responsables burundais avaient estimé à au moins 85.000 le nombre de personnes ayant fui ces dernières semaines la RDC pour trouver refuge au Burundi.
Le Burundais Ezéchiel Nibigira, président de la commission de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), une organisation régionale, avait fait état de 25.000 réfugiés à Gatumba (ouest du Burundi) et près de 40.000 à Buganda (nord-ouest), la plupart « totalement démunis ».
L’administrateur de Rumonge (sud-ouest), Augustin Minani, avait de son côté décrit à l’AFP une situation « catastrophique » dans sa commune avec 20.000 à 25.000 réfugiés de RDC qui « manquent de tout », dont « la grande majorité meurt de faim ».
L’ONU dénombrait la semaine dernière plus de 200.000 déplacés du fait de cette offensive, dont on ignore combien au total se trouvent aujourd’hui au Burundi.

