Amnesty International a dénoncé jeudi une « répression implacable » ces cinq derniers mois en Algérie en réponse notamment à un mouvement de protestation en ligne, faisant état d’arrestations « arbitraires » et de poursuites judiciaires « injustes ».
Les autorités algériennes ont arrêté et condamné au moins 23 militants et journalistes, « en particulier pour leur soutien au mouvement de protestation en ligne +Manich Radi+ (Je ne suis pas satisfait), lancé en décembre 2024 pour dénoncer les restrictions des droits fondamentaux et la situation socioéconomique difficile dans le pays », a affirmé l’ONG. Amnesty affirme que ces personnes ont été arrêtées « uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux ».
« La stratégie d’étouffement du militantisme en ligne poursuivie par les autorités algériennes est inquiétante et doit cesser. Rien ne saurait justifier d’arrêter et d’emprisonner des gens uniquement parce qu’ils ont exprimé leur mécontentement face à la situation politique et socioéconomique », a déclaré Heba Morayef, directrice régionale d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dans un communiqué. Cette répression a coïncidé avec la période précédant le sixième anniversaire du mouvement prodémocratie Hirak en février 2025, affirme l’ONG.
Amnesty dénonce notamment des procédures accélérées, qui n’ont pas laissé à plusieurs de ces personnes « le temps de se défendre correctement ». Elle donne pour exemple la condamnation en mars des militants Soheib Debbaghi et Mahdi Bazizi à 18 mois d’emprisonnement en lien avec le mouvement « Manich Radi », lancé par Soheib Debbaghi et Samy Bazizi, frère de Mahdi Bazizi vivant au Canada.
Soheib Debbaghi a entre autres été déclaré coupable de « publication d’informations susceptibles de nuire à l’intérêt national », dit Amnesty. C’est L’ONG a exhorté les autorités à « cesser de réprimer l’opposition pacifique et de punir l’exercice légitime du droit à la liberté d’expression ».